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Au-delà des étiquettes : retrouver sa liberté d’être

« Le plus grand enfermement n’est pas l’étiquette ou la blessure, mais l’identité que l’on construit autour d’elle »

L’époque des sigles et des blessures nommées

Nous vivons dans une époque où tout doit être nommé, classé, identifié, expliqué, analysé, catégorisé, comme si l’être humain ne pouvait plus simplement ÊTRE sans passer par une grille, un diagnostic, une case, un mot savant qui rassure autant qu’il enferme. Ceux qui n’ont pas les mêmes codes, qui sont différents et particuliers se retrouvent ainsi affublé de sigles comme HPI, HPE, TDAH, hypersensible, zèbre, atypique, puis de blessures  que l’on finit souvent par subir et devoir porter comme des étiquettes collées sur le front, visibles de tous, parfois même brandies comme une vérité absolue sur soi.
Nombre de fois j’ai entendu à mon sujet : « Comme disait ta formatrice, c’est TON hypersensibilité le problème » ou encore « Tu réagis ainsi, c’est ton rejet ». Comme si mon identité, mon être était réduit à ces injonctions invasives qui me faisaient encore plus m’éloigner de moi…

Au début, il faut le reconnaître, cela soulage tout le monde, cela met du sens, cela donne l’illusion de comprendre une situation et pour soi d’être reconnu. Le professionnel qui se dit expert, pense avoir fait son travail, le sujet se dit qu’il n’a pas d’autre choix que d’y croire. Tout cela au final devient un vrai fardeau pour lui et une ancre, une identité de défaillant, de souffrant, de déséquilibré presque d’anormal.
Alors très vite, sans même s’en rendre compte, cela glisse d’un « je traverse quelque chose » à un « je SUIS cela », et ce léger déplacement de langage suffit souvent à transformer un outil de compréhension en une prison intérieure, car on ne se perçoit plus comme un être en mouvement mais comme une définition figée, un profil, une mécanique explicable.

Et quand on sent beaucoup, quand on perçoit finement les autres, les climats, les vibrations, quand on a développé très tôt cette capacité d’adaptation que je nomme dans mes accompagnements le caméléon, pour rester en lien, pour rester aimé, pour rester en sécurité, alors l’étiquette devient parfois un point d’appui rassurant, une manière de dire enfin « voilà pourquoi je suis comme ça ». L’on s’y identifie, on s’y accroche, on s’y conforme, jusqu’à parfois incarner l’injonction elle-même.

On ne dit plus « je suis touché », on dit « je suis hypersensible ou c’est mon hypersensibilité ».

On ne dit plus « cette situation me bouscule », on dit « c’est ma blessure de rejet ».

On ne vit plus l’émotion, on la traduit immédiatement en concept, et peu à peu, sans bruit, l’expérience vivante se trouve remplacée par son interprétation.

Et pourtant, quitte à déplaire à certains et même des médecins très souvent rencontrés, vous n’êtes pas réduit à votre blessure, vous n’êtes pas réduit à un sigle, vous n’êtes pas la somme de ce qui vous a fait mal : vous êtes bien plus vaste, plus mobile, plus mystérieux que toutes les définitions que l’on plaque sur vous !

Réduire un être humain à une étiquette, même si cela voulait partir d’une bonne intention, même si elle est thérapeutique, reste limitante et enfermante et une manière subtile d’empêcher de se déployer au-delà de tout son potentiel. Car le sensible qui se sent très souvent perdu dans ce monde, qui se sent différent, va s’y accrocher pour sur-vivre.

La blessure raconte une histoire, la vôtre, mais elle ne dit pas tout de votre devenir : elle parle d’hier, alors que votre vie, elle, ne cesse de s’écrire maintenant, dans chaque respiration, dans chaque choix, dans chaque renoncement, dans chaque élan.

Expliquer n’est pas vivre

Ce que je rencontre si souvent dans mes accompagnements, ce sont des femmes et des hommes qui savent aujourd’hui parfaitement se raconter à travers leurs étiquettes, leurs diagnostics, leurs blessures identifiées, leurs mécanismes repérés, mais qui ont perdu le contact avec ce qu’ils ressentent réellement dans l’instant, avec ce frémissement intérieur qui ne rentre dans aucune case, avec cette part d’eux qui ne demande pas à être comprise mais reconnue.

On peut tout expliquer et ne plus se sentir vivant.
On peut tout analyser et ne plus habiter sa propre existence.
Mais on peut aussi se réconcilier avec soi, découvrir sa liberté d’être et au final passer de la sur-vie à la vie !

Car la liberté d’être ne se trouve jamais dans une case de plus, dans un mot de plus, dans un concept de plus, elle se trouve dans cet espace nu, simple, parfois déroutant, où l’on ACCEPTE de se rencontrer sans filtre, sans diagnostic, sans justification, juste là, dans ce qui se vit.

Ma posture d’accompagnement

C’est depuis cet endroit que j’accompagne, non pas à partir de ce que l’on vous a dit que vous étiez, ni même à partir de ce que vous croyez être, mais à partir de ce qui cherche à émerger maintenant, au-delà des étiquettes, au-delà des récits figés, au-delà des identités héritées.
Mon rôle n’est pas de vous expliquer davantage, il est de vous aider à vous retrouver, dans un espace où l’on ne se réduit plus à un mot, où l’on n’est plus prisonnier d’une blessure-identité, mais où l’on redevient un être en marche, libre de se transformer sans avoir à se redéfinir sans cesse.

Une fenêtre qui s’ouvre

Et si la vraie liberté consistait à cesser d’obéir à tout ce que les autres ont projeté sur vous ? Peut-être que la vraie question n’est pas « Qui suis-je selon telle ou telle grille ou concept? » mais plutôt «  Qui suis-je dans mon essence, mon être quand je cesse, enfin, de me définir ? »